Leyla Dakhli est une historienne et universitaire franco-tunisienne, spécialiste de l’histoire intellectuelle et sociale du monde arabe contemporain.
Dans cet entretien, elle évoque le grand enjeu de trouver une langue, comme lieu malléable qui permet à la pensée de se déployer, et à l’humain d’avancer. Elle évoque aussi le souci, lié, de la traduction qui lui vient d’une enfance baignée dans plusieurs langues mais aussi de son métier d’historienne, traduisant au quotidien les sources du passé. Elle s’arrête sur ce travail d’historien qui n’est pas de raconter le passé mais de reconstituer, avec beaucoup d’attention, les implicites et les intuitions d’un temps, et de faire parler des silences. Enfin, elle évoque la Méditerranée, une surface de projection de cauchemars, une mer de rancœurs, de morts et d’asphyxie – mais aussi une terre où se sont ouvertes des brèches. Les printemps arabes y ont semé des ferments d’espoir. Ils ont produit des espaces, des temps, pour réfléchir à ce qu’était la démocratie, et ont redonné un sens au mot de dignité. Alors, peut-on être optimiste ? Oui, par choix : car comment passer sa vie à étudier l’inhumanité ? Écoutons ce choix de puiser dans la force de la créativité, de l’émancipation, de l’humanité.