Conférence : Enseigner la démocratie en Afrique
Dates : 31 Octobre 2024 à 16 h 30
Lieu : UCAD Dakar, Senegal
Animée par MEHDI ALIOUA, JEAN-EUDES BIEM, et modérée par NDEYE ASTOU NDIAYE.
Contact :
Conférence : Enseigner la démocratie en Afrique
Dates : 31 Octobre 2024 à 16 h 30
Lieu : UCAD Dakar, Senegal
Animée par MEHDI ALIOUA, JEAN-EUDES BIEM, et modérée par NDEYE ASTOU NDIAYE.
Contact :
La conférence aura lieu à 16 h 30 à l’UCAD à Dakar, elle sera animée par MEHDI ALIOUA et JEAN-EUDES BIEM, et modérée par NDEYE ASTOU NDIAYE.
En présence d’ACHILLE MBEMBE
Enseigner la démocratie en Afrique, un ambitieux programme de transformation de l’apprentissage de la démocratie dans les universités et les tiers-lieux
La formation à la démocratie constitue l’une des missions essentielles de la Fondation. Elle est dispensée lors d’ateliers, résidences, camps ou écoles itinérantes que la Fondation organise à l’intention de publics divers ou d’organisations et autres collectifs engagés sur le terrain dans des initiatives concrètes au sein des communautés.
Une partie de cette activité se tient dans des tiers-lieux, grâce à l’utilisation de techniques de l’intelligence collective, de design ou de prospective critique. Elle se fait aussi par le biais de cursus universitaires dédiés à la transmission de savoirs formels, et plus largement de compétences. Ces cursus peuvent être sanctionnés par des certificats ou crédits. Dans ce cas, la formation est dédiée en priorité aux étudiant.e.s, aux enseignant.e.s et aux chercheu.r.se.s. Elle peut également être ouverte à tou.te.s, dans le cadre de cursus de formation continue.
Ces différents modèles d’apprentissage et de formation participent chacun (1) au développement d’une expertise africaine sur la question de la démocratie et de la sécurité humaine ; (2) à l’épanouissement et l’entretien des facultés critiques chez les apprenant.e.s ; (3) à la construction d’une opinion publique éclairée ; (4) et au renforcement de compétences indispensables pour un engagement citoyen responsable dans la vie politique locale et nationale. Ainsi compris, l’enseignement, l’apprentissage et la formation sont des leviers importants de réinvention de la démocratie en Afrique.
Lancé en aout 2023 à Gorée, poursuivi en février 2024 à Cassis, puis en juin 2024 à Praia, le programme « Enseigner la démocratie dans les universités et les tiers-lieux » poursuit sept objectifs :
(1) encourager la mise en place d’une communauté continentale d’enseignantes-chercheuses et d’enseignants chercheurs désireux-ses de s’investir dans la formulation d’une offre d’enseignement de haut niveau sur la démocratie substantive en Afrique ;
(2) développer un core curriculum en matière d’enseignement et d’apprentissage de la démocratie substantive en Afrique ;
(3) mettre en place un dispositif global d’enseignement inter-universitaire reposant sur la construction de coopérations et synergies inter-universitaires à l’échelle régionale et continentale et débouchant sur l’offre de diplômes (certificats, Masters, doctorats) originaux et, dans la mesure du possible, communs ;
(4) produire des outils pédagogiques neufs, adaptés et utilisables dans les parcours d’enseignement et d’apprentissage ;
(5) mettre en place une “Ecole doctorale” ouverte aux jeunes chercheurs et chercheuses qui veulent se spécialiser dans la recherche sur les situations de la démocratie sur le continent ;
(6) produire une offre pédagogique en direction de tiers-lieux culturels ;
(7) identifier des tiers-lieux pilotes pour lancer des programmes ouverts à tou.te.s ;
Ce programme rassemble aujourd’hui quatre universités pilote (Dschang au Cameroun, Bouaké en Côte d’Ivoire, l’UIM à Rabat et l’UCAD à Dakar ; deux nouvelles universités, au Cameroun et au Bénin, intègrent le dispositif. Des partenariats avec l’AUF, le Cerdotola ou une équipe d’Enda Gref nourrissent le projet.
Il s’articule avec le chantier de Fresque de la démocratie et celui de Recherche Populaire pour nourrir l’enseignement d’idées et de compréhensions neuves, et renforcer la porosité entre recherche et enseignement.
Il répond à plusieurs défis. Qu’il s’agisse des efforts d’élaboration normative ou des recherches empiriques, l’essentiel de l’expertise ainsi que des travaux disponibles sur la démocratie en Afrique (ses conditions de possibilité, les expériences existantes, la diversité de leurs trajectoires d’une sous-région à l’autre, les formes institutionnelles qu’elles prennent, et le type de rapports entre l’Etat et la société qui en découlent) demeure le fait de chercheurs non-africains.
Il en est de même de la recherche sur les formes vernaculaires de la pensée politique africaine contemporaine et sur l’économie politique et symbolique qui sous-tend la reproduction des modes autoritaires de gouvernement sur le temps long. Ce déficit de recherches empiriques et pluridisciplinaires contribue au renforcement du sentiment selon lequel la démocratie serait un pur objet d’importation, extérieur à l’histoire africaine et sans enracinement dans les cultures locales et dans les mentalités.
Par ailleurs, il manque aujourd’hui, dans les grandes institutions africaines d’enseignement supérieur, des offres de formation intégrant la construction de savoir-faire et savoir-être démocratiques, la recherche et la formation sur les innovations démocratiques endogènes ou encore les traditions de pensée africaines sur la question de la démocratie.
La démocratie est enseignée dans le cadre de parcours LMD de sciences politiques, de philosophie, de droit. Mais il y a très peu de formations dédiées à la démocratie. Il n’y a pas, par exemple, de Master sur la démocratie. La démocratie est abordée dans sa dimension institutionnelle ou juridique, « transactionnelle », dans des cursus véhiculant bien souvent l’idéologie de la bonne gouvernance et autres approches inadaptées aux défis locaux. Les contenus portent très peu sur les situations africaines contemporaines. Leur enracinement anthropologique et historique ainsi que leurs formes endogènes ne sont pas abordés. Les savoir-faire et savoir-être sont quasiment absents des programmes. Les émotions démocratiques ne sont pas enseignées. Les approches pédagogiques restent essentiellement traditionnelles, fondées qu’elles sont sur le modèle émetteur-récepteur.
Il est important de passer à des approches plus actives, de conjuguer histoire, anthropologie, économie et sociologie, théorie et pratique. Si la démocratie, c’est agir, alors il faut apprendre à agir. Si la démocratie c’est vivre, il faut installer par la pratique la démocratie dans les esprits humains, apprendre à être en relation, à décider et agir en intelligence collective. D’où l’urgence de réinventer des formations sur la démocratie qui interrogent et revisitent le concept et la pratique de la démocratie et les restituent dans l’histoire, l’expérience et les cultures africaines.
Etant donné les principales missions de la Fondation, l’enseignement thématique sur la démocratie par le biais de cursus universitaires formels n’est ni une tache superflue, ni une entreprise “élitiste”. Au contraire, il est un puissant outil de conscientisation et d’éveil, surtout au regard du nombre de jeunes étudiantes et étudiants qu’il peut toucher directement et indirectement. Il est aussi une puissante proposition symbolique pour une Université et une société qui s’interrogent et cherchent à se transformer.
Enfin, la Fondation a aussi pour mission de favoriser la dissémination du savoir universitaire dans des institutions non universitaires, pour combler le déficit de connaissances des élus locaux par exemple, ou répondre aux envies et besoins de débats des jeunes non scolarisés dans le système universitaire. Ce chantier a également cet objectif de partager et co-construire les savoirs ainsi renouvelés dans des tiers-lieux culturels, et de renforcer ainsi les compétences de celles et ceux qui, loin de l’université, cherchent à s’armer pour peser sur la transition démocratique de l’Afrique.
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