APPEL À PROJETS DE RECHERCHE 2025

Recherche ouverte, Recherche populaire Recherche démocratique

A. Contexte

Créée en 2022, la Fondation de l’innovation pour la démocratie est une organisation panafricaine à but non lucratif et de droit sud-africain. Basée à Johannesburg, elle a ouvert ses portes en 2023.  Elle a vocation à rayonner sur l’ensemble du continent, en dialogue avec les diasporas africaines et le reste du monde.

Sa mission est de favoriser la production de pensées nouvelles sur la démocratie depuis les territoires africains.  Pour ce faire, elle promeut la recherche ouverte et la collecte de savoirs endogènes.

Il s’agit également de soutenir les réseaux porteurs d’initiatives originales dans le domaine de l’innovation pour la démocratie et de renforcer leur autonomie et leurs compétences. A cette fin, la Fondation met à leur disposition des ressources pédagogiques, ainsi que des lieux et des outils pour faciliter le dialogue et l’animation de l’intelligence collective.

Tout au long de l’année, elle propose une programmation variée de débats, un cycle de conférences, des ateliers de formation et des séminaires.

Elle finance par ailleurs une dizaine d’initiatives-phares par an et met en réseau, sur l’ensemble du continent, une chaine de communautés et organisations de la société civile engagées dans le renouvellement de l’agenda démocratique en Afrique.

Au cours de sa première année d’existence, elle s’est donnée pour objectif d’identifier, de rassembler et de faire dialoguer des communautés d’acteurs et d’actrices, dans le but de nourrir en commun la pensée et la pratique sur la démocratie substantive en Afrique.

Elle a, à cet effet, lancé des chantiers et organisé des conférences en ligne ou en présentiel pour faire remonter des savoirs et pour documenter et construire le concept de démocratie substantive.

Elle a aussi, pour faire vivre cette démocratie substantive en construction, mis en route des programmes transversaux dont l’objectif est de mieux appréhender la notion de compétences démocratiques, d’initier de nouvelles manières de les enseigner, de développer des cursus et des ressources pédagogiques en s’appuyant sur des réseaux universitaires et non-académiques afin d’ancrer durablement le renouveau en cours.

Par le biais de ses Laboratoires sous régionaux, la Fondation cherche à faire émerger des pratiques de démocratie substantive, non pas par le biais de programmes de gouvernance institutionnelle, mais par le bas, en accompagnant des actions de la société civile. Ces actions portent sur la défense des libertés politiques et publiques ; la création de synergies régionales entre les acteurs et actrices de terrain ; l’animation (en présentiel comme sur les réseaux sociaux) du débat public africain sur la démocratie à l’heure des populismes, des coups d’État et des néo-souverainismes ; et l’accompagnement d’une dizaine d’initiatives locales innovantes.

Au-delà de l’intégration des diasporas dans ce nouvel agenda, la Fondation travaille à la création d’un réseau de lieux de refuge. Ceux-ci ont vocation à accueillir, à protéger et à prendre en charge, en Afrique, les activistes pro-démocratie menacé.e.s dans leurs pays.

En 2024, la Fondation a soutenu et déployé près de soixante-dix activités sur tout le territoire africain et a animé le débat sur la démocratie en ligne, avec une communauté naissante de 25.000 personnes abonnées à nos réseaux sociaux.

B. Problème

Un déficit de recherches empiriques et pluridisciplinaires sur les territoires africains contribue au renforcement du sentiment selon lequel la démocratie serait un pur objet d’importation, extérieur à l’histoire africaine et sans enracinement dans les cultures locales et dans les mentalités. Cette perception est renforcée par la recherche traditionnelle.

Souvent enfermée dans des silos disciplinaires, des concepts et des modèles théoriques décontextualisés, elle a peu participé aux dynamiques d’encapacitation et de démocratisation des sociétés étudiées et est passée à côté de connaissances et compréhensions indispensables à l’analyse des défis démocratiques sur les territoires.

C’est la raison pour laquelle il est essentiel de lancer un cycle de recherche populaire, ouverte sur les territoires et dans les communautés, et mené sur la base d’une philosophie participative. Celle-ci ne mobilise pas seulement les actrices et acteurs des territoires en tant qu’objets de la recherche, mais aussi en tant que sujets.

A travers ce cycle, la Fondation encourage une manière de pratiquer la recherche qui vise à produire des savoirs et des connaissances tout en appuyant les pratiques d’«auto-encapacitation» sur les territoires, pour contribuer à produire du changement sur les terrains étudiés et, ce faisant, contribuer à leur démocratisation.

C’est un type de recherche qui valorise les expériences concrètes et les connaissances pratiques des personnes, des groupes et des communautés, en partant du principe qu’ils connaissent mieux leur réalité que les personnes extérieures, toutes chercheuses soient-elles.

Il s’agit donc de « chercher autrement », au service de la démocratisation de la recherche et des territoires étudiés.

C.  Objectifs et attendus de l’appel à projets

Objectifs

Cet appel à projets vise à soutenir des recherches de terrain transformatives, qui documentent des pratiques démocratiques tout en contribuant à démocratiser les territoires.

Il part du postulat selon lequel les communautés sont actrices de la construction de leurs territoires, de leurs localités et de leurs savoirs. Elles cherchent en permanence des équilibres provisoires permettant de nourrir une « démocratie inclusive ».

Elles sont par ailleurs capables de parler de ce qu’elles vivent, de construire dans des processus de réflexivité des compréhensions nouvelles, et de se mettre en perspective. Elles peuvent ainsi devenir “chercheuses” elles-mêmes, dans une démarche de recherche–action populaire vertueuse, qui renforce les impacts en terme de pertinence des connaissances produites, d’auto-encapacitation des populations et de démocratisation des territoires.

Dans cette dynamique, les communautés sont elles-mêmes des co-chercheurs, aux côtés des « accompagnants ». Ce travail de terrain passe par un large éventail de modalités et de renforcements de capacités, d’élaborations de visions et d’analyses partagées, de projections vers le futur.

Partant de ce prédicat, il sera possible, dans le cadre d’une démarche de capitalisation inclusive et participative, de modéliser et de formaliser des savoirs, compréhensions et approches innovants, en vue de leur application large, y compris dans les institutions et à tous les niveaux, avec l’appui des différents acteurs et relais susceptibles de porter le plaidoyer.

Par le biais de cet appel, la Fondation encourage donc des projets portant sur des acteurs situés, des milieux de vie bien déterminés et des situations concrètes, qui favorisent une démarche de recherche « démocratique » où tous les acteurs sont les co-chercheurs.

Les projets ayant le plus de chance d’être retenus devront répondre à un double objectif : contribuer à documenter et comprendre les pratiques démocratiques endogènes tout en nourrissant le renouveau démocratique.

Une prime sera accordée aux projets qui, s’éloignant des cadres traditionnels :

. Expérimentent avec des formes de recherche démocratique enchâssées dans les territoires et contribuent à l’auto-encapacitation des populations et à la démocratisation des sociétés ;

. font émerger de nouvelles connaissances et de nouvelles compréhensions de la démocratie issues du dialogue des disciplines et du co-engagement avec les populations et les communautés;

.  formalisent ces processus et approches innovants de manière à rendre possible leur essaimâge.

La Fondation encourage spécialement des projets de petite taille qui utilisent différentes méthodes (video-recherche, petits films de 12 minutes, photo-recherche) et différents supports ( écrit, oral, web TV et radios communautaires, réseaux sociaux, ainsi que par la formulation d’un MOOC)

Attendus

1. Des connaissances et des compréhensions nouvelles sont produites pour alimenter la compréhension des dynamiques de destruction/construction de la démocratie sur les territoires.

2. Le territoire est mieux « relié », les dynamiques de construction de liens et de production de sociabilité et d’engagement sont renforcées (nombre et qualité des interactions par exemple).

3. Les défis majeurs du territoire sont mis à jour et réappropriés par les communautés.

4. Un « modèle » de démocratie substantive sur le territoire est formalisé.