Pour la libération immédiate et sans conditions de Miphal Ousmane LAKOANDE

COMMUNIQUE DE LA FONDATION

 Johannesburg, 2 mai 2025

 BURKINA FASO

APPEL DE LA FONDATION DE L’INNOVATION POUR LA DÉMOCRATIE AUX AUTORITÉS DU BURKINA FASO

POUR LA LIBÉRATION IMMÉDIATE ET SANS CONDITIONS DE MIPHAL OUSMANE LANKOANDE

Miphal Ousmane Lankoandé, militant du mouvement Balai Citoyen, a été enlevé à son domicile à Ouagadougou (Burkina Faso) le 30 mars 2025, au lendemain de son retour de Cotonou (Bénin) où il avait pris part aux assises de l’École de l’activisme de la Fondation de l’innovation pour la démocratie.

Un mois jour pour jour après son enlèvement, sa famille ainsi que l’opinion africaine et internationale demeurent sans la moindre nouvelle de lui.

Opérée par des éléments de la gendarmerie sous les ordres du régime de Transition, son arrestation s’est déroulée dans des conditions d’une brutalité inacceptable. Sa femme et ses enfants ont été malmenés sous ses yeux.

Les faits qui lui sont reprochés sont fabriqués de toutes pièces, en représailles à son engagement pacifique pour la démocratie et les droits humains dans son pays (voir son interview dans Civicus Global Alliance du 11 Avril 2024).

Suite au coup d’État militaire de 2022, le capitaine Ibrahim Traoré a en effet mis en place un système répressif de plus en plus brutal et opaque. Le terrorisme continue de sévir, certes. Mais au nom de la sécurité, une violence de plus en plus indifférenciée est exercée contre les dissidents et les règlements de compte et les gestes de cruauté ne cessent de se multiplier. Les activistes, intellectuels, artistes, journalistes et citoyens critiques sont traqués, réduits au silence ou enfermés arbitrairement. D’autres sont victimes d’enlèvements nocturnes, de séquestration et de torture, et leur sort est inconnu y compris de leurs familles.

Le cas de Miphal Ousmane Lankoandé illustre cette dérive autoritaire typique des nouveaux régimes militaires de l’Afrique de l’Ouest. Dans le but de s’accrocher indéfiniment au pouvoir, ceux-ci tentent d’étouffer les organisations civiques susceptibles de les contester. Partis politiques et institutions relativement indépendantes sont dissous. Sous prétexte de lutter contre le terrorisme, ils musèlent les oppositions et font passer toute défense des libertés pour un crime.

La Fondation de l’innovation pour la démocratie dénonce avec vigueur les enlèvements en cours, les détentions arbitraires, les violations massives des droits humains et la destruction de l’espace civique au Burkina Faso et dans les autres pays vivant sous des régimes militaires en Afrique de l’Ouest.

Nous affirmons avec force que Miphal Ousmane Lankoandé n’a aucun lien avec quelque groupe terroriste que ce soit, contrairement aux allégations mensongères du ministre burkinabé de la Sécurité intérieure.
Être activiste n’est pas un crime.

Défendre les libertés, les droits humains et la justice ne peut justifier ni l’enlèvement, ni la détention illégale. Ni la quête d’une décolonisation intégrale, ni l’aspiration à jouir sans entraves de sa souveraineté ne sauraient justifier la suppression des droits civiques et des libertés fondamentales.

Nous exigeons par conséquent la libération immédiate et inconditionnelle de Miphal Ousmane Lankoandé et de tous les autres activistes victimes d’enlèvements et de torture.

Nous appelons toutes les organisations de défense des droits humains, les mouvements citoyens, les médias indépendants et chaque conscience libre à se mobiliser contre les dérives autoritaires orchestrées par les régimes militaires au Sahel et en Guinée-Conakry.

Professeur Achille Mbembe
Directeur Général
Fondation de l’innovation pour la démocratie